Et si Hermès Trismégiste avait gagné ?

Avez-vous remarqué comment, pour peu que l’on s’y intéresse un minimum, pour peu que l’on y plonge des yeux attentifs, vous saute à la gorge l’ignominie du monde qui nous entoure, cet innommable ? Comment ce monde, à peine vous êtes-vous penché sur son sort avec sincérité, vous happe littéralement et vous entraîne dans ses horreurs… trahisons, méchancetés, jalousies, cruautés, guerres, tortures, crimes… !! Le monde est mauvais ! Le monde est très mauvais !paysage apaisant

C’est un constat que vous faites souvent, debout dans le métro, dégoulinant le monde silencieux et méfiant autour de vous ; assis en voiture, vociférant la conduite de ces irresponsables alentours ; accablé en caleçon sur votre canapé, devant cette télé ou cet ordinateur qui vous envoie ses feux et ses incendies en pleine face éberluée.

Fier et plein de ce constat, vous vous croyez même un peu plus lucide, un peu moins sujet à la tromperie, un peu plus averti qu’un autre homme qui n’en vaudrait que la moitié, un peu moins naïf et un peu moins tombé de la dernière pluie.

Vous vous dites souvent : il n’y a pas de dieu, c’est pas dieu possible… ou bien, s’il y en a un, vous n’aimeriez pas le connaître. Peut-être postez-vous votre billet d’humeur sur les réseaux sociaux. Peut-être pestez-vous en silence. Peut-être maugréez-vous sans faire de bruit. Peut-être espérez-vous encore… non ?

Hermès antiquePourtant, il y a moins de deux mille ans, l’imagination humaine s’était expliqué la chose. Si aujourd’hui nous étions tous des adeptes d’Hermès Trismégiste, nous ne verrions rien d’inextricable là-dedans. Comment ? C’est ce que nous allons tâcher de comprendre.

Grâce à quelques siècles d’imprégnation philosophique plutôt platonicienne pour ne concevoir qu’un dieu, et par la même occasion, un dieu plutôt bon, le ciel est devenu bleu au-dessus de quelques têtes sous les feux du succès il y a plus de 2000 ans.

Le Concile des Dieux (ou Assemblee des Dieux) : Zeus sur l'Olympe entoure des divinites. Sont representes de haut en bas et sur la gauche : Ganymede, Athena, Poseidon, Hermes, Hephaistos, Aphrodite, Eros, les 3 Charites, Dionysos et Ares. Au centre : les Moires (Parques), Demeter et Pan. Sur la droite : Nike, Hera, Hades, Asclepios, Apollon, Artemis, Heracles, Hebe (Juventas). Fresque de la voute de la salle de l'Iliade de Luigi Sabatelli (1772-1850) 1819-1825 Florence, palazzo Pitti ©Luisa Ricciarini/Leemage

Avant cette invention, les dieux étaient pluriels, vengeurs, capricieux, jaloux et vraiment pas bons. Le monde était rempli des horreurs dues aux combats des dieux pour le pouvoir suprême… les dieux étaient à l’image des hommes.

Et voici que certains hommes extraient de leur pensée une intelligence (noûs), quelque chose de purement céleste, éternel et infini, un dieu bon… la bonne nouvelle ! auroreLe voici dès lors, nageant dans un bonheur immatériel, surplombant la création matérielle ou évoluant peut-être dans un univers intellectuel parallèle – ça fait rêver – regardez-le : un dieu plutôt bon vit en parfaite harmonie en compagnie d’âmes parfaites et complètes, flottant comme lui par-delà les mondes et les sphères.

Mais cette projection aux cieux de ce que l’on voudrait voir de meilleur en nous ne fait que nous humilier davantage. Avons-nous été punis ? Sommes-nous maudits ? Ah la culpabilisation… cause qui n’explique rien, mais dévie les questions gênantes et fournit un sens tout trouvé. C’est pour te punir.

Sun-R-xJVt3SnEwSIIl y eut chute, donc. Comme toujours ou souvent on le racontait dans cette période trouble où les récits eschatologiques et les conseils sotériologiques étaient en vogue. Selon les adeptes d’Hermès Trismégiste, les âmes, tellement à notre image, à croire que tout cela est vrai, à croire que nous n’avons pas changé, se mirent en quête de leur reflet, de leur image. Quand elles l’eurent trouvée, elles se mirent à contempler cette beauté avec une telle avidité qu’avec excès elles se penchèrent dans le miroir de leurs formes. C’est alors qu’entraînant avec elles toutes les âmes, elles furent précipitées, happées, mangées, avalées, contaminées par la matière.

Dans cet enlisement funeste, certaines prirent forme humaine, d’autres formes animales… le péché, c’est Narcisse. narcisseLe péché, c’est un péché d’amour pour soi qui nous engluerait pour toujours dans la matière. Nous le savons d’ailleurs instinctivement, tellement cette idée est répandue dans de nombreuses religions, tellement une haine de soi et une blessure narcissique, partition artificielle de notre être en deux – corps et esprit – nous l’ont dictée : c’est la matière qui nous emprisonne et nous empêche d’accéder à l’immortalité !

Heureusement, sur les bords de ce chemin, Platon s’est tenu un temps suffisant pour nous indiquer la voie de l’intellect, la recherche et l’amour de l’idée, projet retenu comme salvateur de notre âme en danger de mort définitive, engluée qu’elle est dans la matière. Pauvres de nous, plongés dans l’avarice, dans la bouffe, dans le sexe ! Pauvres de l’abondance de biens matériels qui nous étouffent effectivement aujourd’hui et asphyxient notre planète !

Bon, comme c’était déjà le discours du Christianisme vainqueur, on peut dire que de ce point de vue là, rien de neuf sous le soleil… remarquons d’ailleurs que les ambitions anciennes et l’orgueil, les appétits matériels de nos aïeux l’ont bien emporté sur notre prétendu goût pour la spiritualité et le retour à l’âme divine.

cellulesCependant, je tiens à souligner un détail qui ne concerne que la moitié de l’humanité : chez Hermès Trismégiste, point de côte à partager, point de femme en guise de compagne… malgré le patriarcat notoire des grecs, les créations divines sont, quelles que soient les versions cosmogoniques, des ensembles complets et bisexués. Le dieu créateur ne les sépare que pour provoquer le désir intense des retrouvailles de ces moitiés qui se chérissent et se reproduisent. Si nous étions des adeptes d’Hermès Trismégiste, nos salaires et nos droits auraient peut-être été partagés à équité depuis le départ…

Mais qui est cet Hermès Trismégiste, le ô trois fois grand… ? On connaît bien le dieu Hermès, appelé Mercure chez les Latins, le dieu des voleurs et des messagers, mais également de la médecine, du voyage, le messager des dieux, leur ange en quelque sorte. Par un syncrétisme que nourrit un jeu de mot de Socrate dans le Cratyle, Hermès est également celui qui inventa la parole. Le jeu de mot fut pris au sérieux et devait bénéficier d’un réseau d’associations fécond puisque la Grèce hellénistique assimila volontiers son Hermès au grand Thot. THotCe dernier, dieu local adoré à Khemenou en moyenne-Egypte, à tête d’ibis, assimilé à Ioh, le dieu lune adoré en haute et basse Egypte, fut fondu avec Hermès. A tel point que Khemenou devint Hermopolis. A tel point que Thot devint le dieu messager et arbitre de Seth et Horus ; à tel point que, devenant le dieu lunaire, Hermès devint le dieu du temps (sur les rapports lune / temps, voir Eliade ibidem La Lune et la mystique lunaire), le maître du destin des hommes, celui qui écrit la trame de l’histoire, celui qui invente l’écriture pour fixer la science astronomique, la science médicinale, mais également l’astrologie, l’alchimie, la magie.

imagesHermès-Thot prit alors une importance plus grande au sein des spéculations du clergé égyptien : il est l’inventeur de la parole et par son verbe naît toute chose. Il est le créateur du monde. La voix divine est créatrice de toute chose. Du verbe ou du logos créateur, rien ne nous est inconnu ici.

Le Trismégiste, qui signifie « trois fois grand », était attribué à un grand nombre de dieux chez les Égyptiens ; il finit par ne désigner qu’Hermès-Thot.

Alors pour les sources, c’est à peu près aussi simple que pour toute autre religion, si ce n’est que, comme celle-ci n’a pas rencontré le succès escompté, personne – ou si peu – ne s’est amusé à rassembler les petits textes qui fourmillaient au IIIè siècle pour en concocter un ensemble artificiellement cohérent. Par conséquent, le dogme, difficile à saisir, comporte quelques points obscurs ou contradictoires. Néanmoins, quelle religion pourrait se prévaloir de n’en point compter ?

Mais regardons les points qui les réunissent : ces textes sont tous les témoins d’une révélation d’Hermès Trismégiste à ses disciples scribes (dont un certain Poimandrès) révélation où ils apprendront, sous le sceau du mystère – c’est la grande erreur de stratégie de ces religions à mystère, une des raisons pour lesquelles elles ont perdu la guerre du marketing racoleur face au christianisme – d’où vient la terre, d’où viennent les âmes. Cela dit, en ces temps sombres que connaissaient les Méditerranéens du IIIème siècle, à l’instar de nos européens assoiffés de recettes et méthodes, de livres de bien être et santé, de coaching mental ou de réalisation et épanouissement de soi, se seraient multipliés les doctrines et conseils pour sauver son âme après la mort : Comment rejoindre le paradis ? ça nous rappelle quelque chose ? Comme si la vie, en soi, n’était acceptable que perçue comme un combat éphémère, un passage vers un ailleurs…

Alors si nous étions tous devenus des adeptes d’Hermès Trismégiste, certes, ce ne serait pas « aimons-nous les uns les autres… » Ce serait plutôt sauve-qui-peut. Compte-tenu de la pluralité des textes et des interprétations qui auraient foisonné, nous pouvons supposer que nous serions divisés pour le moins en deux grands courants. Dans les deux, le monde est une création divine indirecte. caducéeMais chez les asclépiens, on nous recommanderait de prendre soin de la terre, de la faune et de la flore car telle est notre mission sur terre en attendant de rejoindre le divin et l’intellect pur. Nous serions de fiers écologistes et bergers. En revanche, si nous étions herméticiens, nous saurions que la chute de l’homme est due au péché narcissique et nous nous efforcerions de ne vivre que selon l’intellect, peu importe la conduite morale. En d’autres termes, tu peux être un voleur, du moment que tu ne voles que des livres pour élever ton âme.

Enfin, dernière fantaisie, les liens qui nous relieraient au cosmos seraient si crédibles que nous regarderions sans cesse nos prévisions astrologiques et l’horoscope serait notre nouvelle médecine.

Heureusement, comme cette croyance fantasque a été balayée par des choses beaucoup plus sérieuses, nous n’avons pas vu proliférer une horde de sauveteurs de la planète, aucun de nous ne se démène pour vivre selon l’intellect au lieu de se vautrer dans la fange matérielle, personne ne se bat pour gagner le paradis, quitte à être un véritable meurtrier et bien sûr, jamais personne ne lit son horoscope. 😉

Bientôt : Et si Mithra avait gagné ? Et si Zarathoustra avait gagné ? Et si Ashera avait gagné (oui, la femme mise au placard de Yahvé) ? Et si Platon et sa République avaient gagné ?

Voir aussi : Et si Pythagore avait gagné .

Pour plus de détails, une étude sur Hermès Trismégiste dans le cadre de ma maîtrise de Lettres Classiques. Vous y trouverez si besoin les références bibliographiques de cet article !

Et si Pythagore avait gagné ?

D’essence divine, et même, de semence supérieure, il fit l’admiration de ses disciples qui, pendant des siècles et jusqu’à nous, dispensèrent sa parole et tout ça, sans écrire une ligne !! De qui s’agit-il ? de Pythagore ! Et si Pythagore avait gagné plutôt que d’autres ?

Pour commencer, nous serions devenus des scientistes avant l’heure, considérant qu’hors le nombre, il n’est rien de connaissable. Nous serions tous d’excellents mathématiciens, sans quoi nous aurions été bannis dans d’autres contrées barbares où les mathématiques n’avaient pas bonne presse… mais alors où ? car non seulement, les dits barbares adoraient les mathématiques ! Mais en sus, les pythagoriciens pensaient que même les barbares avaient une âme : elle était la manifestation de l’harmonie dans la nature, comprenez harmonie au sens d’équilibre entre le pair et l’impair, le limité et l’illimité… bref, les opposés.

En parlant d’opposés, on ne connaît pas de misogynie chez Pythagore. En effet, les femmes aussi ont une âme qui participe du nombre ! Alors si nous étions pythagoriciens et pythagoriciennes, peut-être que les femmes d’aujourd’hui ne se battraient pas pour leur droit : ce ne serait plus un sujet depuis longtemps.

Évidemment, le problème, ce sont les imbéciles fanatiques, comme toujours. Pythagore eut une femme, une disciple, pythonisse, prêtresse d’Apollon, Théanô, originaire de Crète. Ensemble, ils eurent un garçon, Télaugès et une fille, Mya (ou Arignotès, mais c’est assez moche comme prénom, donc optons pour Mya). Cette dernière se maria à Ménon de Crotone et vécut à Crotone (logique), où d’ailleurs son vénérable père vécut lui aussi vingt ans. Et là, ça déconne… les habitants de Crotone, déjà fascinés par la virginité apparemment, comme beaucoup à cette époque et dans le bassin méditerranéen (nous sommes au 6ème siècle avant J.-C., ça part donc de loin) appellent sa maison « sanctuaire de Déméter » (la déesse des moissons), sa rue l’avenue des Muses et elle, tenez-vous bien, la Vierge des vierges, mais aussi la Femme des femmes (mais pas une lesbienne !). C’est-à-dire qu’en vertu de sa vertu, elle était considérée comme plus vierge que les autres et plus femme que les autres. Je vous laisse méditer là-dessus.

Mais revenons aux nombres. Oui, tout le monde connaît le théorème de Pythagore, transmis par Euclide, qui le tient lui-même d’Eudème, qui lui-même prétend le tenir des pythagoriciens… oui, car Pythagore n’a rien écrit, rappelons-le. En revanche, Philolaos, un important pythagoricien et disciple aurait écrit, lui, 3 livres sur la doctrine pythagoricienne, que Platon aurait achetés. Pour se les procurer, il aurait même traversé la mer d’Athènes à l’Italie du sud où les pythagoriciens vivaient. C’est dire si c’était important, mais aussi connu ! Malheureusement, nous n’avons que des fragments des écrits de Philolaos, et nous n’accuserons pas Platon d’avoir voulu se débarrasser de penseurs qui lui auraient fait de l’ombre. Même s’il avait déjà essayé avec d’autres auteurs. Comme Démocrite. Mais chut !

La tradition se poursuit, Platon, Aristote, Aristoxène, un disciple péripatéticien, puis les compilateurs et historiens, néo-pythagoriciens qui proliférèrent comme beaucoup de sectes de toute part dans les quatre siècles autour de 0. Comme de juste, après 7 siècles environ, sans texte de référence fiable (oui, il y a les Vers d’or, dont on sait qu’ils sont parfaitement vérolés), on se souvient soudain de choses parfaitement folles. D’abord, le retour de la vierge, en la personne du nombre 7, ni engendré, ni engendrant, le nombre vierge lui-même et inconçu, parce qu’alliant en lui le pair et l’impair (oui, 3 + 4). Pourquoi 3 + 4, et non pas 3 + 2 ? Parce que si on additionne 1 + 2 + 3 + 4, cela fait 10, le nombre des nombres, la décade intemporelle ! Or 3 et 4 sont la fin de cette suite merveilleuse. Considérez un instant cette beauté. Je vous laisse méditer là-dessus.

Mais cette maîtrise un peu mystique des nombres viendrait des barbares d’Egypte, comme nous le savons tous. Les Égyptiens prétendaient tenir cette science d’Hermès, qu’ils appelaient Thot. Du coup, Pythagore, appelé ainsi parce que la Pythie, une autre prêtresse d’Apollon, avait révélé sa proche naissance à son père venu en consultation, Pythagore serait en réalité le fils d’Hermès ! d’où l’essence divine ! d’où la semence supérieure ! Et de cette ascendance divine, il aurait reçu une cuisse en or, le don d’ubiquité et le souvenir de ses vies antérieures (216 ans, mais n’est-ce pas le minimum pour cumuler le karma d’un Pythagore ?)

Mais après tout, si Pythagore avait gagné, nous trouverions beaucoup de gens pour croire en cette version fantastique des faits, n’est-ce pas ? De même que nous trouverions des gens qui suivraient les préceptes qu’on lui prêta pourtant 6 siècles après sa mort. La preuve : deux siècles seulement après sa mort, des philosophes comme Aristote et ses disciples mettaient déjà en garde contre le degré zéro de recul devant les us et préceptes prétendument pythagoriciens… nous avions déjà un schisme. Ainsi, certains croyaient que les fèves étaient vraiment interdites à la consommation et que Pythagore était végétarien, alors que d’autres se récriaient déjà contre cette fantaisie qui n’avait rien de pythagorique !! Certains croyaient que « Ne pas parler sans lumière » signifiait qu’il fallait se taire dans le noir, que « N’attise pas le feu avec un couteau » signifie que tu pourrais te brûler, imbécile ! que « Ne reste pas assis sur le boisseau » signifie qu’on doit plutôt se poser sur le canapé ou encore que « Ne reçois pas d’hirondelle à la maison » signifie qu’on ne doit pas faire ami-ami avec des oiseaux et encore moins les inviter à dîner.

OK Pythagore n’a pas été persécuté… c’est vrai, il est mort honoré et respecté. Y’a quand même une source qui en doute, mais on va l’étouffer. Cependant, ce fut l’enfer pour ses disciples lorsqu’il quitta, pour un voyage d’étude, sa terre d’élection, l’Italie du sud. Des jaloux, comme Cylon et ses hommes (on peut dire son nom, il ne risque plus rien) fomentèrent contre la secte. Cylon avait cherché à devenir pythagoricien… mais Pythagore lui-même le trouvait trop violent, tumultueux et autoritaire. De rage et de frustration, ses hommes et lui-même poursuivirent, notamment par des incendies, tous les pythagoriciens jusqu’au dernier. Deux réchappèrent et s’enfuirent dans leur ville d’origine, Tarente. Pythagore s’en fut à Métaponte où il finit ses jours. Y’a quand même une source qui prétend que le vénéré maître périt dans les flammes, mais on va l’étouffer. C’est ainsi que la ville de Crotone se trouva avec des fous-furieux à sa tête et périclita. D’ailleurs, qui connaît Crotone aujourd’hui ?

En effet, dans l’ensemble, les pythagoriciens occupaient des postes politiques plutôt importants et faisaient beaucoup pour leur collectivité. Même si Simos a essayé, le pauvre, d’effacer le nom de Pythagore sur une inscription murale, espérant par là s’arroger ses découvertes et son aura… même si Hippase aurait divulgué les secrets de la secte et, comme Judas, se serait ensuite suicidé, regrettant d’avoir tenté de nuire au maître suprême : il se noya. Et puis, comme tout bon politique, Pythagore lui-même fut critiqué. Hérodote, historien contemporain du maître suprême, prétendait qu’il avait tout copié sur les égyptiens. Encore mieux, Héraclite, philosophe contemporain du maître suprême dit (c’est ma préférée) :

« Un savoir universel n’instruit pas l’intellect, sinon il aurait instruit Hésiode et Pythagore »

Alors peut-on dire que le Maître – dont on ne devait pas prononcer le nom… ça vous rappele quelqu’un ? – a totalement échoué quand on enseigne encore son théorème ? 2600 ans de succès pour un morceau de sa doctrine, et quel morceau !! C’est pas si mal ?

Pour le reste des fantaisies qui entourent sa vie et sa doctrine, il fut balayé au début de notre ère par des choses beaucoup plus sérieuses. Je vous laisse méditer là-dessus.

Bientôt :  Et si Mithra avait gagné ? Et si Zarathoustra avait gagné ? Et si Ashera avait gagné (oui, la femme mise au placard de Yahvé) ? Et si Platon et sa République avaient gagné ?

Voir aussi : Et si Hermès Trismégiste avait gagné ?